Un prix distingue les leader féminins

Deux femmes appartenant à deux générations différentes ont été distinguées pour leur rôle comme dirigeante et pour leur contribution à la formation de leaders féminins dans leur église.

Yvette Rabemila et Brigitte Rabarijaona, pasteures ordonnées de l’Eglise de Jésus Christ à Madagascar ont reçu le Prix Sylvia Michel 2014, lors d’un culte à Heiden, en Suisse, le dimanche 8 mars 2015.

Le prix est accompagné d’une récompense de 5 000 Francs suisses qui seront utilisés pour financer leur projet intitulé« « Empowering Women Ministers ». Le prix est décerné tous les deux ans par les présidents d’églises membres de la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse (FEPS) en collaboration avec la CMER.

« Les femmes devraient être mieux équipées à s’acquitter de leurs responsabilités en tant que pasteures, afin de prouver, qu’elles savent faire aussi bien que les homes, sinon mieux, » dit Yvette Rabemila. « Et vraiment nous voudrions, qu’il y ait plus de femmes dans la hiérarchie de l’église. Au niveau local elles sont bien acceptées, mais aux échelons supérieurs il n’y a que peu de femmes. »

Les femmes représentent environ un quart du corps pastoral de l’Eglise de Jésus Christ à Madagascar mais leur nombre tombe à moins de cinq pourcent dans le conseil directeur de l’église. SMP2014-AcceptanceSpeeches

« Dans ce projet, notre but est d’aider les femmes à être assez fortes et bien préparées pour accepter d’abord des positions de leader et ensuite assez courageuses pour affronter la façon par laquelle les hommes ont l’habitude de les marginaliser » explique Brigitte Rabarijaona. « Les femmes ont été formées en théologie et à travailler dans l’église, mais non pas dans le domaine de la direction d’église. »

Ce projet veut offrir une série de séminaires de formation pour les femmes des 37 régions de l’église malgache mettant l’accent sur trois sujets : leadership, réflexion théologique et estime de soi.

Yvette Rabemila qui est à la retraite depuis une dizaine d’années, a été depuis longtemps une dirigeante dans son église, ayant servi pendant huit ans comme sa première vice-présidente et comme professeur à la faculté de théologie, où elle enseignait le Nouveau Testament et la missiologie. Elle a aussi servi comme pasteure dans une paroisse et dans différentes organisations œcuméniques internationales.

Elle souligna que son temps comme vice-présidente de l’Eglise de Jésus Christ à Madagascar avait été le point culminant de sa carrière : « J’ai pu voir l’église dans son ensemble, sur place, mais également la place de l’église dans le monde. J’étais acceptée par tout le monde. Il n’y avait aucune discrimination. »

Brigitte Rabarijaona, elle, est tout au commencement de sa carrière. Elle a déjà travaillé dans une paroisse où elle a dû faire face à une certaine résistance due tant à son genre, qu’à son jeune âge. « Ma lutte à cette époque consistait à montrer, que même si j’avais l’air d’un bébé, j’étais quand même quelqu’un, que je connaissais mon métier et que je pouvais les conduire. » Elle dut faire face aussi aux préjudices, lors de ses études théologiques au Cameroun, parce que certaines églises n’ordonnent pas les femmes.

A présent, elle est enseignante à la faculté de théologie et dirige le département de traduction de la Société Biblique. « A mon retour, j’ai vu comment on traite les femmes. Donc, avec Yvette nous avons réfléchi, comment aider. Pas toutes les femmes ont les mêmes possibilités que j’ai eues, » explique Brigitte Rabarijaona.

Le but du Prix Sylvia Michel est d’honorer des personnes et des projets dévoués à la promotion de femmes comme leader dans les églises, » dit Regula Wegmann, vice-présidente de l’Eglise Réformée du Canton d’Argovie. « Parce que la moitié des églises cantonales suisses sont ou ont été dirigées par des femmes, elles voudraient transmettre cette préoccupation importante aux églises membres de la CMER et elles voudraient encourager les femmes à accéder à des fonctions dirigeantes dans les églises. » DoraArceMeetingPanKS

En tant qu’organisation mondiale nous nous engageons en faveur de la responsabilisation des femmes du monde entier, » déclare Dora Arce-Valentin, responsable de la CMER pour la Justice. « Pour nous la responsabilisation des femmes est une question de justice, et nous sommes une communion dévouée à la justice. »

« Je dirais que les femmes ne devraient pas hésiter, si elles sentent la vocation d’être pasteures car, dans bien des régions du monde, et à Madagascar en particulier, les femmes ont joué un rôle important dans l’église. » ajoute Yvette Rabemila.

Le Prix Sylvia Michel rendant hommage à Sylvia Michel comme pionnière dans la direction de l’église et fêtant les capacités de tant de femmes qui soutiennent, et parfois dirigent leurs églises, est décerné à des femmes qui encouragent d’autres femmes à assumer des fonctions de leadership dans leurs églises. Sylvia Michel, élue à la présidence de l’Eglise du Canton d’Argovie en 1980, fut alors la première femme à diriger une église en Europe.

Les présidentes et anciennes présidentes d’églises réformées en Suisse (PanKs), une représentante de l’Eglise du Canton d’Argovie et la responsable de la CMER pour la justice et le partenariat forment le jury. L’argent pour le prix est un don de l’Eglise Réformée du Canton d’Argovie.